Salon du livre rare et de l’autographe 2015 : notre engagement pour la défense du Livre tient en ces mots…

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Camille Esteves, Jean-Denis Touzot et Patricia Moguerou

 

L’association « Basilique de Marçay – Patrimoine du Livre » a participé au Salon du livre rare et de l’autographe 2015 du 23 au 26 Avril. A cette occasion, nous avons donné une conférence au Grand Palais le dimanche pendant laquelle nous avons eu d’enrichissants échanges, et nous remercions vivement les particuliers et professionnels qui y ont participé.

Vous trouverez ci-après le discours de Jean-Denis Touzot qui résume notre engagement pour la défense du Livre.

Madame, Mademoiselle, Monsieur,Au nom de notre bureau ici présent, Camille Esteves notre présidente, Marie-Ange Cuvier notre trésorière, je remercie tous mes collègues du SLAM, et en particulier Anne Lamort, la présidente en exercice, de nous offrir cette tribune d’expression et je vous remercie de vous être déplacés en cet endroit pour m’entendre vous parler de l’association que nous avons créée en 2014 : Parcours du Livre – Patrimoine du Livre. Il s’agit pour nous de venir en aide aux métiers artisanaux et ancestraux du Livre que nous estimons en faiblesse possible devant la force conquérante du numérique et des nouvelles habitudes de lecture ; le dilemme est le suivant : devons-nous garder sous la main nos vieux livres en papier, continuer de nourrir et d’entretenir une bibliothèque familiale ou traditionnelle , ou bien sommes-nous prêts à désherber nos rayons comme le font régulièrement certains établissements et nous en remettre à une conservation virtuelle de l’Ecrit et du Savoir ?  Pour le moment, j’estime que cette décision appartient à chacun de nous et relève plus de l’affectif que du rationnel. C’est selon le temps que vous vous accorderez pour lire tranquillement un texte de qualité que vous opterez davantage pour une lecture avec le papier,  réservant la consultation des pages numériques à la recherche et à la documentation. Cela est aussi affaire de tranche d’âge.

Je suis donc venu aujourd’hui devant vous pour vous convaincre de l’utilité de participer à un long « Parcours du Livre » en France et si possible en Europe. Qui dit parcours dit promenade, récréative ou instructive ; inscrire sur une carte hexagonale, voire européenne,  tous les lieux qui présentent le livre, qui le défendent, qui l’exposent, qui le mettent en scène, qui le familiarisent, qui l’offrent à la portée de tout un chacun, qui l’expliquent, qui le célèbrent… Dans notre monde contemporain, je ne doute pas de l’efficacité de faire des rapprochements, de créer des synergies, de construire des réseaux qui draineront plus facilement  les affinités. Voyez l’impact culturel et touristique des « chemins de Saint-Jacques » ; comment ne pas penser pouvoir en faire autant avec le Livre ?Notre association s’est donc donné comme but principal de fédérer sous une même enseigne des publics et des gens de métiers qui, s’ils paraissent éloignés les uns des autres, n’en sont pas moins complémentaires et doivent se montrer coopératifs pour continuer de faire vivre l’élément Livre à travers leurs compétences diverses. Il ne s’agit pas de faire naître un syndicat nouveau, mais d’inscrire au sein d’un réseau ample et élargi tous les acteurs du Livre : Libraires de neuf et d’ancien, bouquinistes, restaurateurs de livres, relieurs, éditeurs, imprimeurs, illustrateurs, graphistes, graveurs, fabricants de papier, musées et écomusées, bibliothèques, médiathèques, salons du livre, villages du livre, organes de presse spécialisés, associations représentatives, et plus généralement tout lieu évènementiel dont le livre est l’objet. Ce réseau en cours d’élaboration, visible sur notre site internet : www.basiliquedemarcay.com, est identifiable par un élégant logo à fond rouge dans lequel sont gravées les lettres P et L. A l’appui de ce logo, qu’il faut regarder comme un label de qualité, nous avons déposé une marque auprès de l’INPI dont notre association est propriétaire. De ce fait chacun de nos adhérents a la possibilité, et je dirais même le devoir, d’acheter un ou plusieurs autocollants ou vitrophanies afin de se signaler auprès de ses clients ou de ses visiteurs ; c’est par ce geste simple et symbolique, que le réseau sera présent, visible et actif partout en France ou en Europe. Si vous accédez à notre site, vous découvrirez plusieurs rubriques et notamment un calendrier des évènements majeurs marquant nos professions, comme les expositions, les  salons, les conférences, les articles de presse. J’insiste auprès de chaque adhérent pour qu’il communique à notre présidente, Camille Esteves, les informations qu’il détient afin que nous puissions les mettre en ligne et servir ainsi l’ensemble de notre communauté. Notre objectif est de collecter, centraliser et communiquer une information complète et régulièrement mise à jour. Notre site doit devenir au fur et à mesure un outil de travail et d’information incontournable grâce à la participation de chacun de ses membres ; dès lors il pourra aussi être regardé et consulté comme un annuaire élargi et représentatif, mettant directement en relation professionnels et particuliers. Dans cette optique nous souhaitons pouvoir travailler désormais en étroite collaboration avec les associations et les syndicats existants comme le SLAM, l’association des bouquinistes de Paris, les Villages du Livre, le Magazine du Bibliophile, L’ARA  (Association des Amis de la Reliure d’Art) et toute autre entité représentative.

Chaque association a besoin d’une adresse pour son siège social,  et le libraire que je suis, profondément engagé dans cette aventure, bien que ne faisant pas partie intégrante du bureau, a proposé un lieu original, spirituel, paisible, lumineux, transparent, majestueux et spacieux : la basilique de Marçay, située en Poitou. Actuellement l’édifice, de style néo-gothique, classé au titre des Monuments Historiques, reçoit une profonde restauration qui devrait s’achever en 2016 pour pouvoir pleinement fonctionner dès le printemps 2017. J’ai décidé d’y créer un centre culturel exclusivement réservé au Livre. Y seront proposés un espace muséographique consacré au Gothique et au néo-Gothique dans nos métiers, un autre espace réservé à certains écrivains religieux comme Joris-Karl Huysmans, contemporain de la construction et qui fut pendant deux années moine oblat à Ligugé, bourgade distante de quelques kilomètres seulement ; nous présenterons des expositions permanentes de livres, de documents ou de reliures ; nous offrirons des  tables et des rayons pour faire connaître la production éditoriale contemporaine en Poitou-Charentes ; la grande nef restera quant à elle un espace ouvert et modulable dans lequel nous pourrons accueillir des conférences, et d’autres formes d’expression culturelle.

Il est évident que lors de nos assemblées générales futures, nous étudierons toute proposition de collaboration ou de suggestion pour une occupation plénière et de qualité, représentative de la diversité de nos métiers. Je rappelle le fait fondamental qu’une association est rendue vivante par le nombre et le dynamisme de ses adhérents et pas seulement par l’action des membres de son bureau. Vous devinez aisément que ce type de projet culturel, qui peut sembler aux yeux de certains aller à contre-courant, n’est pas automatiquement éligible au financement publique. Il est donc important que nous dépassions rapidement le millier d’adhérents  pour pouvoir interpeler les pouvoirs publics et pérenniser notre action et notre présence  dans la sphère culturelle actuelle et future. En attendant ce jour nous sollicitons tout type de mécénat privé car nous menons en réalité deux combats de front : restaurer et aménager un bâtiment en mauvais état général pour en faire un écrin ; donner des moyens financiers supplémentaires à notre association pour qu’elle puisse faire face à son développement et répondre aux attentes de ses adhérents. Nous avons considéré en effet que le Livre-papier était encore à ce jour un élément fondamental de notre paysage culturel et qu’il avait le droit global d’être protégé au titre d’ « Objet de patrimoine culturel commun et collectif ». Je rappelle ici la définition du mot : « La notion de patrimoine dans son acceptation de bien collectif peut se définir comme l’ensemble des richesses d’ordre culturel – matérielles et immatérielles – appartenant à une communauté, héritage du passé ou témoins du monde actuel. Le patrimoine est aussi bien naturel que culturel. Il est considéré comme indispensable à l’identité et à la pérennité d’une communauté donnée et comme étant le résultat de son talent. A ce titre, il est reconnu comme digne d’être sauvegardé et mis en valeur afin d’être partagé par tous et transmis aux générations futures. Ce sont des experts, mais aussi le public, qui désignent ce qui a vocation à être conservé. En d’autres termes, la production de patrimoine est l’objet de l’activité des conservateurs, sous la pression éventuelle d’un public de connaisseurs et d’amateurs. Elle est donc sujette à d’éventuelles redéfinitions ». « En 1996, l’UNESCO lance le concept de Capitale mondiale du livre et élit Madrid Capitale pour l’année 2001. Elaborée à partir de l’expérience positive de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, cette initiative conduit la Conférence générale à adopter, le 2 novembre 2001, la résolution 31C/29, qui établit l’élection annuelle d’une ville Capitale mondiale du livre. L’Union internationale des éditeurs (IPA-UIE), la Fédération internationale des associations et institutions de bibliothécaires (IFLA) et la Fédération internationale des libraires (IBF) sont associés à cette initiative et participent, avec l’UNESCO, au Comité de sélection, de façon à assurer une représentation équitable des organisations professionnelles internationales. L’UNESCO s’est donc penché sur le problème du livre, mais vu sous l’angle unique de l’édition de texte et non sous l’angle de la préservation des ouvrages publiés au format papier. Nous savons que le papier possède  une texture résistante, mais il se fragilise au contact de la lumière, de l’humidité, des mains manipulatrices, d’une indifférence banalisée. Sa vie peut être abrégée par un usage intensif. C’est pourquoi  l’on réimprime constamment depuis le 16ème siècle les textes des grands auteurs  pour transmettre leur mémoire et éviter que la chaine ne se brise. Aujourd’hui la qualité de la production industrielle baisse et les éditeurs  sont moins attentifs au devenir physique de la fabrication, si bien que nous sommes  assis sur un capital en régression, et que peu de livres seront finalement appelés à nous survivre. Notre association a donc décidé de militer en faveur de cet objet en perdition afin qu’une structure nationale ou internationale vienne prochainement soutenir l’action de terrain que nous sommes décidés à concrétiser avec votre concours.

Je viens de vous présenter assez brièvement notre but et notre démarche, afin qu’il nous reste suffisamment de temps pour un échange improvisé ; maintenant j’espère que vous avez beaucoup de questions à nous poser et nous sommes bien entendu à votre disposition pour vous répondre aussi précisément que possible.

 

Jean-Denis Touzot, libraire

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