LES RELIQUES DU BIENHEUREUX BENOIT-JOSEPH LABRE EN FRANCE

    LES RELIQUES DU BIENHEUREUX BENOIT-JOSEPH LABRE EN FRANCE

      Faute d’avoir la même transcription au sujet de la relique rapportée  de Rome à Marçay par l’abbé Joanneau, nous vous donnons un récit des évènements qui eurent lieu à Arras en 1860.

Lors de la grande procession d’Arras, la relique insigne que l’on sache être la rotule du genou du saint était offerte pour la paroisse Saint-Sulpice d’Amettes. L’autre relique insigne « le crâne du bienheureux Benoît Labre » fut ramenée de Rome et offerte à Mgr Parisis par Mgr Raphaël Virili, postulateur de la cause de Saint-Benoît pour la cathédrale d’Arras. Le vœu pieux de Mgr Parisis l’illustre évêque d’Arras avait été exaucé pour le Triduum solennel du 15 juillet 1860, et évidemment célébré dans la cathédrale d’Arras. C’était une belle cérémonie et une manière splendide de fêter la béatification du saint Pèlerin. À cette époque, vingt-trois archevêques et évêques de France et de Belgique répondirent à l’appel de Mgr Parisis et vinrent rehausser par leur présence l’éclat de la cérémonie. À leur tête pour ne citer qu’eux, on remarquait leurs éminences le cardinal Mathieu, archevêque de Besançon, le cardinal Régnier, archevêque de Cambrai et le cardinal de Bonnechose, archevêque de Rouen. Ce fut Mgr Pie, évêque de Poitiers, qui fit le Panégyrique du Bienheureux. La cathédrale d’Arras avait été richement décorée pour l’occasion et la relique du « Chef » du saint avait été placée au-dessus du Maître-Autel, sur un trône étincelant d’or, de lumières et de fleurs. (De quoi faire rougir l’humble Benoît-Joseph Labre) La statue en chêne du saint, celle qui fut volée dans notre cathédrale d’Arras, a été portée en procession lors de la cérémonie. Toutes les reliques du saint proviennent de l’unique reconnaissance du corps de Benoît-Joseph Labre qui eut lieu le vendredi 8 juillet 1796 (exhumation du corps du saint). Voici les minutes de cette reconnaissance :
« Les juges apostoliques, suivant l’usage, ordonnèrent la visite du tombeau et la reconnaissance du corps de Benoît-Joseph Labre. Le 8 juillet 1796, le Cardinal Vicaire Jules-Marie de la Somaglia assista avec tout le tribunal, deux médecins et deux chirurgiens et les ouvriers nécessaires, tous assermentés, dans l’église de Notre-Dame-des-Monts, où furent entendus trois habitants du couvent sur l’emplacement et l’intégrité du sépulcre. On enlève dans l’ordre la pierre tumulaire, puis on démolit la voûte murée qui la soutenait, on en retire le double cercueil ; on reconnaît sur le second les sceaux du vicariat, on l’ouvre et l’on en extrait le corps de Benoît-Joseph Labre, après avoir formulé l’excommunication contre quiconque en détacherait la moindre parcelle. Les experts examinent le corps, en font la description, avant de replacer les ossements sur un nouveau suaire et plaçant le tout dans un nouveau cercueil de cyprès, avec un tube renfermant l’acte de reconnaissance sur parchemin. Les scellés y sont apposés de nouveau et on la renferme dans une plus grande, avec deux autres cassettes également scellées contenant, l’une, les restes de la chair consumée et l’autre, ceux des vêtements réduits presque en poussière, moins la ceinture. Ces caisses, ainsi déposées, sont replacées dans la même fosse, qui est à nouveau recouverte d’une nouvelle voûte et de la même pierre sépulcrale. Les débris des premières caisses sont ensuite consignés au Postulateur, avec défense de distribuer, sous aucun prétexte, même de dévotion, ces parcelles de débris. Lundi 11 juillet 1796 — Lecture du procès-verbal d’enquête des experts apostoliques de la reconnaissance du corps de Benoît-Joseph Labre. À la séance du 11 juillet, ils constataient uniformément que toutes les parties molles du corps avaient disparu, que les os mineurs étaient réduits en poussière, mais que les os majeurs et surtout la boîte cérébrale étaient restés consistants, et qu’enfin malgré cet état de dissolution avancée, les restes du cadavre ne donnaient aucune odeur ni bonne ni mauvaise ».

La procédure (l’enquête) de béatification dura soixante ans. Mgr Parisis avait ramené la relique offerte par le postulateur ; elle lui fut remise à saint Pierre de Rome en présence du Pape Pie IX le 20 mai 1860 jour de la béatification. Voici le bref de Mgr Virili qui, je vous préviens, est un peu « grandiloquent » pour le saint Pauvre, mais Mgr Raphaël Virili, postulateur de la cause de béatification du vénérable Benoît-Joseph Labre, s’écria dans son enthousiasme ce jour-là :

« J’en appelle à la ville et à l’univers entier ; et vous-mêmes, juges les plus éclairés de tous, je vous prends à témoin de cet événement prodigieux et marqué d’un sceau divin, qui frappa vos yeux, je veux dire l’explosion de cette renommée universelle de sainteté, avec laquelle un homme vil, pauvre et abject, après avoir passé cette vie mortelle dans le plus grand dénuement de toutes choses, dans la plus rigide austérité dans les privations de toutes espèces, le 16 avril de l’année 1783, prit heureusement son vol, pour aller jouir de la récompense promise aux humbles, suivant les paroles des Proverbes : “La gloire a été précédée de l’humiliation”. Car, incontinent après sa mort, le Très-Haut fit retentir sa voix qui fut entendue par toute la terre, et illustra la mort de Benoît-Joseph, en en signalant la sainteté par les preuves les plus incontestables. Voyez-vous ce vaste océan de prodiges ? Je ne crains pas d’assurer que, si la Providence de Dieu a été admirable en conduisant, comme par la main, le vénérable Benoît-Joseph pendant sa vie ; si sa sagesse brille d’un grand éclat par les moyens employés pour le sanctifier, sa toute-puissance est encore plus admirable, et reluit davantage dans les merveilles opérées pour le glorifier. Il nous suffit de prêter l’oreille à la multitude des témoins qui les proclament, de consulter les motifs qui attirent vers le saint pauvre la dévotion de tous les peuples, de jeter les yeux sur la quantité d’ex-voto, d’oblations, de tableaux présentés en reconnaissance des grâces obtenues. Il n’y aurait pas de fin, si nous entreprenions de dresser la liste complète des différentes nations qui ont participé aux faveurs dispensées par le serviteur de Dieu ; mais la France devait être et a été sous ce rapport-là plus favorisée par le fils qui est sorti de son sein. »

 

Quelques dates à retenir :

1 — Dimanche 22 mai 1842 — Proclamation de l’Héroïcité des vertus de Benoît-Joseph Labre. Grégoire XVI déclara, le 22 mai 1842, que Benoît-Joseph Labre a porté les vertus au degré héroïque.
2 — Jeudi 2 juin 1859 — le Souverain Pontife Pie IX a déclaré solennellement la béatification prochaine du Vagabond de Dieu.
3 — Dimanche 20 mai 1860 — Béatification de Benoît-Joseph Labre par le Pape Pie IX. Le dimanche, c’est pendant l’Octave de l’Ascension que la cérémonie de béatification eut lieu dans la basilique Saint-Pierre de Rome. Le personnel de l’ambassade française, le général comte de Goyon et son état-major, Mgr Parisis, évêque d’Arras et de Boulogne, représentaient le diocèse où est né le Bienheureux ; le curé d’Amettes priait au nom de la paroisse où il a vu le jour. Ses reliques seront transférées à l’église de la Madonna Dei Monti, là où pendant sa vie, il aimait tant à prier.
4 — Jeudi 9 février 1873 — à cette date eut lieu la cérémonie vaticane au cours de laquelle, à la demande du Pape Pie IX, Mgr Dominique Bartolini, secrétaire de la congrégation des Rites, fit lecture du décret annonçant l’éventuelle canonisation du bienheureux Benoît Labre. Le Père D. François Virili, de la congrégation du Très-Précieux-Sang et postulateur de la cause du futur saint, remercia le Saint-Père. L’évêque d’Arras a également adressé un discours au Saint-Père. À cette cérémonie était présent, entre autres, l’ambassadeur de France, ainsi que les évêques de Nîmes, de Montauban, de Carcassonne et de Luçon.
5 — Jeudi 8 décembre 1881 — Canonisation de Benoît-Joseph Labre à Rome.

Béatification de Benoit Joseph Labre 20 Mai 1860

Béatification de Benoit Joseph Labre 20 Mai 1860

 

Laisser un commentaire