Sur l’autel majeur de la Basilique St Benoît-Joseph Labre, à Marçay (diocèse de Poitiers),
figurent de chaque côté du tabernacle, deux séries de trois anges. Le 18 août 2018, lors de ma
visite à la basilique, j’ai été interpellé par ces anges, en me demandant qui ils étaient. Sachant
qu’ils arborent tous des phylactères (Banderole peinte, dessinée ou sculptée, sur laquelle se
déploient des paroles prononcées par le personnage que l’on représente.)
Le premier, dans la première série à gauche du tabernacle, m’a intrigué, dans la mesure où est
accrochée à son avant bras droit une écuelle ébréchée.
Cette écuelle m’a fait aussitôt penser à St Benoît-Joseph, qui portait cette écuelle à son côté
pendant ses pérégrinations. Le phylactère indique : « Dimisi Hoereditatem meam » qui se
traduit par « J’ai abandonné ma maison », verset biblique du prophète Jérémie (Jr 12, 7) ; le
doute n’est plus permis : cet ange est une allégorie de notre saint. La cruche et le pain, du côté
de son pied gauche indiquent sa nourriture habituelle. La bourse ouverte, de laquelle
s’échappent des pièces, et sur laquelle repose son pied droit, suggère que l’argent est dominé
par la volonté.
Le second ange porte le phylactère suivant : « Humilis corde » : « humble de coeur », qui se
rapporte à l’Evangile selon St Matthieu (Mt 11, 29), où Jésus se définit doux et humble de
coeur. Nous reconnaissons là aussi dans l’humilité un trait de caractère de Benoît-Joseph.
Poursuivons notre enquête.
Le troisième ange, tout de blanc vêtu, porte ce phylactère : « Quam pulchra est casta
generatio cum claritate », qui se traduit par «qu’une chaste génération a de clarté et de
beauté » (Sg 4, 1). Ce verset décrit bien également la pureté de vie de St Benoît-Joseph, avec
ces lys à la main gauche et à ses pieds.
Le quatrième ange, vêtu de rouge, la couleur de la passion, porte dans sa main gauche un calice surmonté du Saint Sacrement, des roses sont à ses pieds. Le pylactère porte l’inscription : « Deficit anima mea in atria Domini», que l’on traduit par «Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur » (Ps 83, 2). Combien de fois, Benoît a-t-il répété ce verset du psaume quand il se tenait en adoration quarante heures durant, en présence de l’Hostie consacrée ? Lui, que Madame Louise de France a surnommé le Page du Très Saint Sacrement.
Le cinquième ange, tient une croix dans sa main gauche et on peut voir à ses pieds une grand quantité d’épines, qui suggère la Couronne du Christ. Sur le phylactère est écrit : « Christo confixus sum cruci », se traduisant par «Avec le Christ je suis fixé à la Croix » (Ga 2, 19). Là encore, comment ne pas reconnaître la vénération de Benoît-Joseph pour la Passion de Jésus ?
Le sixième ange porte dans sa main gauche le bourdon des pélerins de St Jacques de Compostelle, et a sur son scapulaire la coquille de ces mêmes pélerins. A ses pieds se trouvent des chardons, symbolisant la douleur du Christ et de la Vierge, le chardon qui est aussi, comme la châtaigne, l’image de la vertu protégée par ses piquants. Le phylactère proclame : « Apud te peregrinus », se traduisant par « Je ne suis qu’un pélerin devant toi » (Ps 38, 13). Comment ne pas voir en cet ange, ce pélerin de l’Absolu, qui a parcouru les chemins de l’Europe durant plus de 15 ans ?
Sous les six anges, se trouvent les signes attribués par l’iconographie à St Benoît-Joseph : son écuelle ébréchée, son chapelet, une médaille du Christ, la Bible, le bourdon et les coquilles des pélerins jacquaires.
C’est donc un véritable enseignement sur la vie et le charisme de St Benoît-Joseph que nous pouvons encore contempler aujourd’hui.
Nous pouvons remercier M. Jean-Denis TOUZOT, libraire à Paris, d’avoir racheté cette basilique dédiée à St Benoît-Joseph Labre, d’avoir entrepris sa restauration et de permettre d’admirer aujourd’hui ce monument à la gloire de St Benoît-Joseph, voulu par le curé de Marçay, l’abbé JOANNEAU. Ce dernier avait su trouver les fonds nécessaires à l’édification d’une telle église. C’est Madame Marie-Anne de SALLMARD, Marquise PALLAVICINO (1842-1907), qui a offert ce magnifique autel majeur.
Merci aussi à Marie LABARTHE, la gardienne de la basilique de Marçay.
fr. Samuel, fl