Histoire du passage de Benoît-Joseph à L’EGLISE SAINT JEAN DE MALTE AIX EN PROVENCE
Aix-en-Provence, la statue de saint Benoît- Joseph Labre dans l’église Saint Jean de Malte commémore le passage du Saint pèlerin qui traversa la région de la fin 1773 au début de 1774. Le bienheureux rayonnait dans les divers pays de la région, pendant son séjour à Aix-en- Provence. On conserve le souvenir de son passage à Gardanne, à Trets et à Vauvenargues. Un fait frappant est encore sur les lèvres des anciens habitants. Dans la première localité (Aix-en- Provence), les directeurs d’une grande hôtellerie avaient adopté, à l’instar des établissements monastiques de l’époque, la louable coutume de distribuer la soupe aux indigents et aux mendiants de passage. Benoît Labre se présenta parmi eux et la reçut plusieurs fois. Le muletier, impressionné par les traits de sainteté qui émanaient de son visage, se prit d’admiration pour lui. Il disait : « Ce pauvre ressemble à Jésus- Christ », dans son langage vulgaire : « Au bouen Diou ». Il lui offrit un gîte pour la nuit dans le grenier à paille. Cette offre bienveillante fut acceptée. Cependant le muletier, poussé par une légitime curiosité, ne le perdit pas un moment de vue. Dans le cours de la nuit, il s’ingénia à l’observer. Il le trouvait toujours en prières, dans des positions d’humilité et de recueillement. Son estime grandit. Il n’eut plus de doute que ce mendiant fut un saint. Par un sentiment de charitable bienveillance, il demanda aux fils du maître de lui servir non seulement la soupe, mais encore quelques restes de viande ; deux d’entre eux s’y refusèrent et insultèrent le saint pauvre en le traitant d’original et de fainéant. Le troisième, pourtant plus humain, le prit en pitié et lui donna une petite part des aliments gras. Le mendiant reconnaissant prit la parole, lui annonça que Dieu le bénirait lui et sa postérité. Quand à ses deux contempteurs, il leur prédit l’emprisonnement sans peine de mort et la privation de postérité. Quelques années après, la Révolution de 1793 éclatait. Les deux frères étaient enveloppés dans les édits de proscription et traînés dans les cachots de la République. Ils furent délivrés. Rentrés dans leurs foyers, ils sont morts sans postérité. Le troisième a prospéré dans ses biens et dans sa famille. La prédiction s’est réalisée à la lettre. Saint Benoît-Joseph Labre a passé et séjourné à Aix-en-Provence, dans le courant des sept années de sa vie errante, de 1770 à 1777. Dans les villes voisines, Benoît-Joseph fit de nombreuses haltes. Les habitants avaient adopté ce pauvre pèlerin, qui passait de longues heures en prières dans les églises et institutions de la ville. Il ne mendiait pas et attendait la plupart du temps qu’on lui fit l’aumône d’un peu de nourriture, et lui de s’empresser de la partager généreusement avec d’autres pauvres. Il est probable que le bienheureux ait accepté à son arrivée, l’hospitalité bienveillante des illustres chevaliers de Malte. Chaque matin, il assistait à la messe dans l’église de Saint-Jean-de- Malte, montait ensuite dans les combles, où il s’était fait un petit pied-à-terre, et se rendait en ville, puis allait mendier son pain et exercer ses œuvres de miséricorde partout où il croyait entendre la voix de Dieu.
Ensuite, soit pour satisfaire ses goûts pour la solitude, soit pour se dérober aux regards des personnes qui se prenaient de vénération pour lui, il chercha un asile dans une retraite isolée.
Les dépendances de la basilique n’étaient plus une retraite assez sûre ; chaque soir, il se réfugiait au loin dans les champs dans les environs d’Aix-en- Provence en passant par le chemin de Roman à Gardanne, il pouvait rejoindre sa grotte de Chicalon dans le Montaiguet (sur le territoire de Meyreuil et Palette).
La rue du Mouton
1773, sa rentrée en France ; passé par Lunel et Montagnac, par Aix et Marseille, par Nice et par Lucques… L’histoire de ce passage subsistent sur toute la ligne, longeant la Méditerranée, sont probablement liées au retour d’Espagne du Saint. « C’est un Saint, il prédit l’avenir » disaient de lui les Aixois. Un jour voulant sortir d’Aix et se diriger vers Meyreuil, prenant la rue du Mouton, (aujourd’hui rue Constantin), il rencontra de jeunes personnes sur le seuil d’une des maisons. « Mlle Félicité Raymond, jeune et charmante modiste, qui se trouvait en compagnie de M. l’avocat Pastorel, son fiancé, et causait avec lui ; quand tout à coup elle voit venir par la rue voisine le bienheureux Labre, revêtu de son misérable habit de mendiant et brillant, comme toujours, par le désordre de sa tenue. À son approche, Mlle Raymond, avec un pieux empressement, mit la main à la poche. Pendant qu’elle cherche une pièce de monnaie, le serviteur de Dieu s’arrête et regardant Mlle Raymond : « Jeune fille, lui dit-il, je prierai bien le Bon Dieu pour vous. Il a des vues sur vous. Vous irez à Rome. Je n’y serai plus. Vous reviendrez à Aix-en-Provence, votre pays, et vous y fonderez une maison religieuse ».
Cela dit, le saint ayant reçu l’aumône, reprit sa marche, laissant la jeune modiste profondément impressionnée de l’accent particulier avec lequel ces paroles avaient été prononcées. Quelques années après, Mlle Félicité Raymond prenait le voile. Lors de son émigration en période révolutionnaire et pendant la Terreur, elle alla à Rome et eut la consolation de s’agenouiller près du tombeau du bienheureux, devenu illustre par des miracles nombreux et éclatants. Lorsqu’elle eut rétabli le couvent des Soeurs du Saint-Sacrement à Aix en 1804 (Le sanctuaire Notre-Dame-de-la-Seds), Mlle Raymond, devenue Soeur Saint-Augustin Raymond, répétait souvent avec une grande affection de coeur : « C’est à Saint Benoît-Joseph Labre que je dois ma précieuse vocation ». Mlle Félicité Raymond était née le 14 février 1731 ; elle mourut le 22 juin 1826, à l’âge de soixante-quinze ans. Sa rencontre à Aix-en-Provence avec Benoît-Joseph Labre, eut lieu en 1773, dans la rue du Mouton (aujourd’hui rue Constantin). Mlle Félicité Raymond avait vingt-deux ans, Benoît-Joseph vingt-cinq. La tradition de cette vocation a été conservée longtemps parmi les religieuses du monastère de Notre- Dame-de-la-Seds. Elle nous a été attestée par une des dernières supérieures, la soeur Sainte-Scholastique, morte en odeur de sainteté en 1881. Elle avait vécu avec la vénérable fondatrice ». À Aix, la fréquentation du couvent des Carmélites, puis plus tard maison des RR. PP. Oblats de Marie, en haut du Cours Mirabeau, donnait lieu à son invocation et à un grand miracle. Les habitants de cette place avaient vu souvent Benoît- Joseph Labre à la porte, attendant la distribution de la soupe. Ils avaient admiré comme tant d’autres les vertus du pauvre pèlerin et, sous ses haillons, l’auréole de la sainteté.
Les Miracles de Provence
C’était le 1er août de l’année de sa mort, 1783. La jeune fille d’un marchand de verres, habitant l’une des premières maisons de la rue du Louvre, était dans un état désespéré. Les parents désolés avaient demandé une neuvaine de prières aux pieuses religieuses leurs voisines, en l’honneur de saint Labre, leur hôte d’autrefois, et dont le tombeau était si glorieux. Le médecin venait de déclarer que c’en était fait de la malade. Ce jour-là, la neuvaine finissait.
Tout à coup, la jeune fille, obéissant à un mouvement instantané et involontaire, s’écrie : Ma mère ! Le saint Labre des Carmélites vient de me dire : « Peleite », c’est à- dire petite fille, lève-toi, tu es guérie. En effet, la jeune fille se leva ; elle était guérie. La miraculée devint plus tard mère. Elle reconnaissait qu’elle devait son bonheur d’avoir donné le jour à un saint prêtre à la protection de saint Benoît-Joseph Labre.
Ce prêtre, l’Abbé Dol, longtemps curé de la paroisse des Milles à Aix-en-Provence, située à l’angle de la rue Frédéric Mistral, y est mort en odeur de sainteté en1856. Il nous est raconté que qu’une jeune fille, âgée de cinq à six ans, appartenant à une très honorable famille de la ville, dépérissait à vue d’oeil. Elle était malade depuis plus de cinq mois. Une irritation intestinale et forte anémie résistaient aux traitements d’un médecin distingué. S’il combattait l’irritation, l’anémie prévalait ; s’il luttait contre l’anémie, l’irritation prenait le dessus. Cette complication irrémédiable laissait entrevoir un dénouement fatal. Une consultation ne donna aucune espérance. La jeune malade, d’une intelligence très précoce, ne se faisait pas d’illusions. Elle disait mélancoliquement avec le langage candide des enfants : « Grand maman, on fera un grand trou et on nous mettra maman, toi et moi, et nous serons toutes les trois ». La pauvre enfant n’a pas connu sa maman ; elle est morte en lui donnant le jour.
En présence de cette perspective désolante, il fut suggéré à la famille si affligée de s’adresser à saint Benoît-Joseph Labre. La proposition est acceptée avec joie, même par l’orpheline. On commença la neuvaine. La précieuse relique du serviteur de Dieu fut apportée et appendue au chevet du petit lit de la malade. Chaque jour, elle leva ses innocentes mains vers le reliquaire et adressa sa courte prière au saint. D’autre part, les parents firent la neuvaine avec ferveur. Une messe fut célébrée le dernier jour à l’autel de saint Benoît-Joseph Labre, dans l’église de Saint-Jean-de-Malte. Vers le milieu de la journée, tout à coup l’enfant se leva, courut à l’extrémité opposée de l’appartement, en s’écriant : « Saint Benoît-Joseph Labre m’a guérie. » Depuis l’enfant a recouvré son appétit : elle va de mieux en mieux et on peut la dire guérie. Une messe d’action de grâces a été célébrée à l’église Saint-Jean-de-Malte à l’autel du saint protecteur. Un ex-voto magnifique a été placé à côté de la statue, portant cette inscription :
« Reconnaissance à saint Labre pour une guérison obtenue, J. A., janvier 1885 ».
ANNECDOTE : Il a fallu rendre la relique. Larmes et pleurs de l’enfant qui ne l’a cédée qu’en recevant une belle photographie du saint.
Lien pour les photos d’Aix en Provence : https://www.dropbox.com/sh/0za6qhbkej1abo4/AABU-oNZf64NaPOO59-DZerVa?dl=0